Concerts AMF

Luc DUROSOIR, vice-président des Amf

est en charge de nos concerts en relation

 avec les ayants droit & les associations partenaires


Concert des AMF, samedi 16 décembre 2017

L’Alcazar, Marseille

 
Georgie DUROSOIR, musicologue
18 décembre 2017


Trio Arcadis

Amandine Ley au violon, Anne-Claire Lantenois au piano, Nicolas Saint-Yves au violoncelle

Trios d’Olivier Greif (1950-2000) et de Lucien Durosoir (1878-1955)

 

Il est toujours agréable, pour des interprètes, de jouer devant un auditoire attentif, concentré et, en l’occurrence, connaisseur. L’Alcazar de Marseille accueillait le trio Arcadis pour ce concert organisé par l’association des Amis de la Musique Française. Deux associations avaient apporté leur soutien à cette manifestation, chacune au nom d’un des compositeurs joués : l’association Olivier Greif et l’association Musiciens entre Guerre et Paix (Lucien Durosoir). Le public était nombreux (environ deux cent cinquante personnes) malgré un mistral implacablement tranchant et glacial.

Lionel Pons, musicologue et conférencier habituel du département de musique de l’Alcazar a présenté les deux œuvres au programme avec une parfaite érudition, doublée de la finesse et de la sensibilité qui lui sont coutumières.

L’accent était mis sur les points communs à ces deux compositeurs, malgré le long temps qui les sépare et c’est leur refus des conventions et des mouvances qui drainèrent la majorité de leurs contemporains respectifs qui semble le trait d’union majeur de ces deux personnalités.

Chacun a voulu sa singularité, non pour elle-même, mais comme expression d’une pensée qui n’a de guide que son enracinement au plus profond de l’individu créateur.

Le trio Arcadis a d’abord interprété le splendide Trio De Profundis de Greif : la lecture intégrale, par Lionel Pons, du texte laissé par le compositeur permit au public d’accéder directement à cette musique sombre, tragique, portée par une écriture très personnelle. Le Trio en si mineur de Durosoir offrait un autre exemple de science compositionnelle, une autre manière d’appuyer le message intime sur une haute exigence technique. Les deux œuvres ont bénéficié d’une impeccable mise en place, mais surtout de la réflexion approfondie qu’elles nécessitaient pour être comprises et transmises. De ces deux œuvres, le trio Arcadis a donné une lecture concentrée, fortement impliquée, très convaincante, de celles qui parlent au public, l’obligent au partage. Plus encore que les applaudissements fervents, les commentaires entendus de ci de là témoignaient d’une grande satisfaction, de la conviction d’avoir découvert deux œuvres majeures du répertoire, porteuses de messages humains autant qu’artistiques et très magistralement interprétées. ◊

Fichier pdf du concert du 16 décembre 2017

 

Le prochain concert des AMF aura lieu à MARSEILLE
Samedi 16 décembre 2017 à 17h00 (repoussé d’une heure)

 


 

Concert des AMF le dimanche 9 octobre 2016

Antony, auditorium du conservatoire Darius Milhaud

Georgie DUROSOIR, 11 octobre 2016

L’association des Amis de Maurice Emmanuel accueillait, ce dimanche 9 octobre, le duo Arar, dans un concert de sonates françaises pour violon et piano organisé par les Amis de la Musique Française (AMF).

La vitalité des Amis de Maurice Emmanuel ne peut qu’être un modèle et un encouragement pour tous ceux qui, descendants, « ayant-droit » ou défenseurs désintéressés de compositeurs français se mobilisent pour maintenir vivante la mémoire de ces auteurs et pour diffuser leur œuvre par le concert.

Trois musiciens étaient à l’honneur (leurs associations ayant accepté de participer aux frais de l’organisation comme il est indispensable, les AMF n’ayant pas de fonds propres) : Maurice Emmanuel (1862-1938), Lucien Durosoir (1878-1955) et Henri Sauguet (1901-1989).

Tous les musiciens et les mélomanes sont témoins de l’extraordinaire floraison de jeunes talents musicaux qui caractérise notre temps. Les interprètes brillants ne manquent donc pas, doublés d’esprits curieux de découverte et audacieux dans leur programmation. Il faut, en effet, avoir une forme de courage pour mettre sur pied un concert consacré à trois auteurs que les feux de la rampe éclairent rarement…

Le duo Arar a pris le nom romain de la Saône comme pour affirmer son appartenance lyonnaise. Jodilyne Gallavardin au piano et Alexis Rousseau au violon sont deux partenaires unis par une vraie fraternité musicale : leur jeu reflète leur entente profonde et leur commun lyrisme. Ils ont donné une belle lecture des sonates de ces trois hommes qui, malgré des destinées bien différentes, ont pour point commun d’avoir connu, barrant cruellement leur vie, le tranchant d’une ou de deux guerres mondiales.

Créée en 1906 à la salle Pleyel et dédiée à l’ami organiste Charles Tournemire, la Sonate pour violon et piano de Maurice Emmanuel (1902) a trouvé dans le duo Arar des interprètes engagés, capables de mettre en valeur les vastes phrases lyriques du premier mouvement et la profonde mélancolie de l’Adagio non troppo. L’Allegro giocoso séduit d’emblée par son joyeux dynamisme ; la verve et l’énergie du jeune duo l’ont littéralement enlevé, lui ont redonné sa jeunesse et son actualité.

La « Sonate crépusculaire » d’Henri Sauguet, bien qu’écrite en 1981, prenait la seconde place dans le concert. L’unique mouvement aux tempi changeants, à l’harmonie atonale et bien personnelle, a été servi par la belle concentration des deux artistes qui ont su se mouler dans toutes les exigences de cette écriture capricieuse et imprévisible. Pour bon nombre des auditeurs présents, ce fut une découverte heureuse et forte, amenant la conviction que la musique française a beaucoup à apporter à l’univers musical de notre temps.

Le même constat s’imposait d’ailleurs avec la sonate « Le Lis » de Lucien Durosoir (1921). Cette œuvre en deux mouvements affirme d’emblée l’autorité d’une écriture très personnelle, libre de toute attache avec le monde contemporain, comme jaillie du seul monde intérieur de son auteur. Elle demande beaucoup aux interprètes : sur le plan technique, puissance d’archet et grande flexibilité sonore, vertige de la difficulté pianistique ; sur le plan interprétatif, profonde concentration, adaptation immédiate aux éthos d’angoisse ou d’allégresse qui se disputent le terrain dans les deux mouvements.

Dans ces trois sonates, le duo Arar s’est surpassé, recueillant les applaudissements nourris d’un public connaisseur et heureux de ses découvertes.

Gageons que cette réussite suscitera l’intérêt de nombreux défenseurs de la musique française qui mérite l’engagement lucide et sans chauvinisme de tous ceux qui savent en reconnaître la spécificité et la valeur. □

Fichier pdf du Concert du 9 octobre 2016